EAA Edmund
A. Aunger
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J'aimerais bien partager
avec vous tous les secrets de l'enseignement, et surtout du bon enseignement.
Toutefois, je dois avouer que ces secrets restent toujours pour moi un gros
mystère. J'enseigne à Je continue à chercher;
je continue à apprendre. Mais, et il faut le dire, j'apprends beaucoup de
vous. Au temps de ma jeunesse,
je n'avais aucune idée de ce que j'allais devenir. Surtout, je n'ai jamais
envisagé la possibilité de devenir un jour enseignant. Franchement, c'était
la dernière chose que je voulais faire. Mes ambitions étaient
beaucoup plus modestes. À l'âge de 13 ans, j'avais décidé que je serais le
premier ministre du Canada. Comme cela je pourrais régler tous les problèmes
sociaux du pays, pour ne pas dire du monde. Toutefois, au cours des années,
j'ai changé d'idée. J'ai appris que j'aimais faire de la recherche :
lire, découvrir, écrire. Je voulais chercher et créer. Je voulais construire
des oeuvres qui expliqueraient les problèmes sociaux et leurs solutions
politiques. L'institution par excellence
qui permet la réflexion, la recherche, la découverte, la création, c'est
l'université. Donc la très belle devise de l'Université de l'Alberta: « Quaecomque Vera: Whatsoever things are true. » Et la citation au
complet : « Toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses
qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui
sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont
de bonne renommée – s’il y a quelque vertu et quelque louange,
– que ces choses occupent vos pensées. » Pendant quelques années,
au début de cette carrière qui est devenue l'enseignement, je pensais que la
clé de la réussite était surtout une bonne préparation, ou plus
spécifiquement : la maîtrise de sa matière, la préparation de ses cours,
et la transmission de son savoir. Comme les scouts, j'ai
appris qu'il fallait se préparer : soyez prêts! Au moment où j'ai obtenu
mon premier emploi, enseigner semblait vouloir dire cours magistral : il
fallait préparer un bon discours. Le professeur passait des heures à rédiger
son texte. Une fois dans la salle de classe il n'avait qu'à le lire. Il n'y a
aucun doute que le travail de préparation est important; mais, cela n'est que
le début. J'apprends, et je
réapprends, chaque année, que l'enseignement n'est pas une simple question de
transmission d'informations. L'enseignement, c'est une relation humaine,
c'est un échange social. Et, même si je ne le comprends pas pleinement, je
sais que dans l'enseignement, comme dans la vie, l'amour y est un élément
fondamental : l'amour de soi-même, l'amour de son travail, et l'amour
d'autrui. Je le sais, mais cela ne
veut pas dire que j'arrive à l'appliquer. Premièrement, l'amour de
soi-même. Ici, je ne parle pas d'égotisme ni de narcissisme. Non, je veux dire
plutôt qu'il faut apprendre à s'accepter et se respecter. Il faut être fidèle
à soi-même, à ses idées, à ses rêves. Il faut être honnête. Il faut trouver
le courage d'être soi-même, d'être qui on est, et de partager ses vérités et
ses passions. Deuxièmement, l'amour de
son travail. C'est certain qu'on ne fait pas toujours ce qu'on aime; et qu'on
n'aime pas toujours ce qu'on fait. Néanmoins, il faut faire son travail avec
amour. Et surtout ce beau travail qui est la recherche du savoir. Comme le disait si bien le poète libanais Kahil Gibran, le travail est l'amour rendu visible. « And all knowledge is vain save when there is work, And all work is empty save when there is love.» Et plus loin : « For if you bake bread with indifference, you bake a bitter bread that feeds but half man's hunger.» Troisièmement, l'amour
d'autrui. Il faut aimer l'apprenant. En éducation, c'est l'apprenant qui est
la cible, et non pas l'enseignant. Dans le voyage d'apprentissage, souvent
difficile et pénible, l'apprenant a besoin d'appui et d'encouragement. C'est
son voyage : on ne peut pas le faire sans lui, ni sans son labeur. Dans tout cela, je me
rends compte que je suis autant l'apprenant que l'enseignant. Qui enseigne
qui? C'est un partenariat. L'apprentissage est partagé. L'enrichissement est
mutuel. J'aimerais donc prononcer
mon propre témoignage de reconnaissance. C'est pour vous, mes étudiantes et
étudiants. Vous avez posé vos
questions et vos problèmes : je vous remercie de m'avoir fait réfléchir. Vous avez communiqué
votre enthousiasme et votre curiosité : je vous remercie de m'avoir
inspiré. Vous avez exprimé votre
support et votre amitié : je vous remercie de m'avoir appuyé. Vous avez partagé vos
connaissances et vos expériences : je vous remercie de m'avoir enseigné. |