De Saint-Jean à Genève… le parcours de Marie-Claude Poirier!

Franco-Albertaine originaire de la région de Rivière-la-Paix, finissante de l'école Maurice-Lavallée d'Edmonton, diplômée en sciences socio-politiques du Campus Saint-Jean, Marie-Claude Poirier occupe aujourd'hui un poste au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, mieux connue sous l'acronyme HRC dans le monde francophone, à Genève.

Étienne Alary - 26 avril 2017

« Le plus fondamental pour moi, c'est de faire une différence dans la vie des gens que j'ai rencontrés», a lancé, d'entrée de jeu la jeune femme qui était de passage à Edmonton pour une semaine en avril dernier.

Elle a profité de son séjour en Alberta pour venir rencontrer des étudiants du Campus Saint-Jean avec un message précis, celui de ne pas avoir peur de foncer et d'aller au bout de ses projets et ses ambitions. De son passage à Saint-Jean, elle retient une implication dans le théâtre, dans des groupes de justice sociale et dans les parlements jeunesse, mais aussi de la pause d'une année qu'elle a prise dans ses études afin de faire le programme échange de Jeunesse Canada Monde en Thaïlande, sans oublier une année d'échange académique à l'Université Yonsei située à Séoul en Corée du Sud. « Des expériences qui ont été déterminantes pour moi », souligne-t-elle.

En effet, au terme de ces études à Saint-Jean, Marie-Claude fera un stage de quatre mois à Washington pour Korea Economic Institute of America. En novembre 2008, elle revient à Edmonton et travaillera pour l'organisme Développement et Paix jusqu'à l'été 2010. C'est à ce moment qu'elle prend la route de Genève, en Suisse, afin de faire une maîtrise pluridisciplinaire en études asiatiques offerte conjointement par l'Institut de hautes études internationales et du développement et l'Université de Genève qu'elle complètera en 2012.

À la suite de ses études, les opportunités d'emploi se font rares pour Marie-Claude. « Après six mois à chercher sans rien trouver, je commençais à désespérer. Un de mes amis m'a dit : tu es à Genève, envoie un courriel à un contact que j'ai au HCR et mentionne-lui que tu recherches un stage non rémunéré. C'est ce que j'ai fait en lui demandant de faire circuler mon cv dans l'organisation. La réponse que j'ai eue a été brève : "will do" », se remémore Marie-Claude Poirier.

À ce moment, la jeune femme se demandait si son courriel n'allait pas se retrouver à la poubelle. Pourtant 30 minutes plus tard, elle reçoit un appel. « Une personne du service d'évaluation et du développement des politiques cherchait une personne. Quelques jours plus tard, on s'est rencontré et on a discuté la bonne partie d'une soirée. J'ai commencé le lendemain », souligne Marie-Claude de son entrée au HRC à Genève au début de l'hiver 2013.

Elle occupera divers postes contractuels ponctuels avant de présenter sa candidature, au printemps de 2014, pour un poste permanent qu'elle a obtenu haut la main. « J'ai terminé première lors de l'examen et première à la suite de l'entrevue. Pour moi, cet emploi a changé ma vie. Ce n'est plus un poste précaire de trois mois, c'est une permanence. Je peux envisager faire carrière aux Nations Unies », indique-t-elle.

En mission en Afghanistan

En décembre 2016, Marie-Claude Poirier a été envoyée deux mois à Kaboul. « Cela fait quatre ans maintenant que je suis au HCR. À un moment donné, j'ai dit à ma chef que j'avais l'ambition de faire autre chose, d'aller sur le terrain et voir comment cela se passe. J'ai posé ma candidature et j'ai été retenue pour une formation de deux semaines en Emergency Management en Allemagne. Nous étions 40 personnes à participer à cette formation », explique la Franco-Albertaine.

À la suite de la formation, les participants ont été placés sur une liste d'attente. « 29 jours plus tard, soit le 29 novembre 2016, j'ai reçu un courriel disant que j'étais déployée à Kaboul en Afghanistan », souligne-t-elle. « Je me souvenais avoir indiqué que j'étais prête à aller n'importe où, donc dans l'un des 128 pays où travaille le HCR, mais je ne pensais jamais que ce serait en Afghanistan. Du jour au lendemain, je quittais pour deux à trois mois un des services les plus bureaucratiques pour me retrouver dans un des lieux les plus difficiles et dangereux en terme de mode de vie, condition de vie et sécurité », explique la jeune femme.

« À titre comparatif, toutes les autres personnes qui ont fait la formation avec moi se sont retrouvées en Ouganda, où il y a une crise des réfugiés extrêmement sérieuse, s'exclame-t-elle. Quand je suis arrivée à Kaboul, nous devions circuler en voiture blindée, parfois même sous escorte armée. C'est presque surréel comme expérience. »

À peine deux mois se sont écoulés depuis que Marie-Claude Poirier a terminé cette mission. « Cela a été très exigeant. En tant que chef de service, j'étais l'unique personne responsable des relations extérieures et parfois soumise à beaucoup de pression. J'ai préparé des demandes de financement pour des dizaines de millions de dollars pour l'opération en Afghanistan et j'espère qu'il y aura des réponses positives. Avec le recul, je crois que j'aurais préféré aller en Afghanistan il y a 10 ans, car la situation était beaucoup plus stable à l'époque que ce ne l'est aujourd'hui », lance-t-elle.

Foncer tête première

Marie-Claude Poirier a invité les étudiants à ne pas hésiter à foncer tête première pour réaliser leurs projets. « Si vous êtes intéressés par l'international, il y a peu d'organisation onusienne aussi présente dans le monde, surtout en zone reculée, que le HCR. Et si vous voulez faire une carrière aux Nations Unies, aller dans le développement ou l'humanitaire, mais de faire du terrain afin d'acquérir une expérience aussi pratique et opérationnelle que possible. »

Elle les a aussi invités à travailler afin de maîtriser l'anglais et le français. «Je n'aurais jamais été engagée au HCR si je n'avais pas été bilingue. Lors du concours pour le poste que je comble actuellement, il y avait un examen de quatre heures en français et en anglais. Peu de personnes maîtrisent réellement les deux langues. Je vous invite à cibler l'excellence dans les deux langues », avance la rédactrice associée au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

De plus, il faut être fier de ses origines. « Partout où je vais, je suis fière de dire que je suis Franco-Albertaine. Parfois il faut expliquer ce qu'est un Franco-Albertain, même aux francophones, mais ça reste une source de fierté pour moi », conclut-elle.