SC PO 101 Introduction au gouvernement
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Ruhollah Khomeyni
PRINCIPES POLITIQUES, PHILOSOPHIQUES, SOCIAUX ET RELIGIEUX
1969


NOTE: Il s’agit d’extraits des Principes politiques, philosophiques, sociaux et religieux par l’Ayatollah Khomeyni, traduction de Jean-Marie Xavière (Paris: Libres-Hallier, 1979).

 


 Le gouvernement islamique ne peut être ni totalitaire ni despotique, mais constitutionnel et démocratique. Dans cette démocratie, pourtant, les lois ne dépendent pas de la volonté du peuple, mais uniquement du Coran et de la Sunna du Prophète. La Constitution, le Code Civil et le Code Judiciaire ne peuvent s'inspirer que des lois islamiques contenues dans le Coran et transcrites par le Prophète, et elles seules doivent être appliquées scrupuleusement. Le gouvernement islamique est le gouvernement de droit divin, et ses lois ne peuvent être ni changées, ni modifiées, ni contestées. (p. 19)

C'est là que réside la différence radicale entre un gouvernement islamique et les différents gouvernements monarchiques ou républicains où ce sont les élus, les représentants du peuple ou de l’État qui proposent et votent les lois, alors qu'en Islam la seule Autorité compétente est le Tout-Puissant et sa volonté divine. Le pouvoir législatif est exclusivement détenu par le Saint Prophète de l'Islam et personne hormis Lui ne peut promouvoir une loi; toute loi qui n'émane pas de Lui est à rejeter. Dans un gouvernement islamique qui se respecte, le pouvoir législatif (Parlement), qui est une des trois composantes de tout système constitutionnel avec l'exécutif et la jurisprudence, est remplacé par un « Conseil religieux de planification » qui transmet à chaque ministère les lois islamiques le concernant, lui indique son programme conformément à la religion et établit à la base de l'ensemble de ces programmes la politique générale de tout le pays. (p. 20)

 

Le gouvernement islamique est  soumis à la loi de l'Islam qui n'émane ni du peuple ni de ses représentants, mais directement de Dieu et de sa volonté divine.  La loi coranique, qui n'est autre que la loi divine, constitue l'entité de tout gouvernement islamique et règne immanquablement sur tous les individus qui en font partie. Le Prophète, les califes et les gens du peuple, doivent obéissance absolue à ces lois éternelles du Tout-Puissant transmises aux mortels à travers le Coran et le Prophète, et qui resteront immuables jusqu'à la fin des temps. (p. 20-21)

 

En Islam, gouverner signifie uniquement mettre à effet les lois coraniques, autrement dit les lois divines. Ces lois doivent être obéies et exécutées par tous, sans exception, et sans contestation. La loi divine s'applique au chef et au subordonné, à l'employeur et à l'employé. On obéit au Prophète parce que Dieu l'a voulu ainsi. Et on doit obéir aux dirigeants du gouvernement islamique aussi parce que Dieu l'a ainsi voulu. Dans le domaine de la volonté divine tout individu, même s'il s'agit du Prophète, n'a aucun droit d'ingérence. Il n'a d'autre droit, d'autre devoir que l'obéissance. (p. 21)

 

L'Islam a des préceptes pour tout ce qui concerne l'homme et la société. Ceux-ci procèdent du Tout-Puissant et sont transmis aux hommes par son Prophète et Messager. On est surpris de la majesté de ces commandements qui recouvrent tous les aspects de la vie, de la conception jusqu'à la mise au tombeau!... Il n'y a aucun sujet sur lequel l'Islam n'ait porté son jugement. (p. 21)

 

Tous les gouvernements du monde reposent sur la force des baïonnettes. Nous ne connaissons aucune monarchie ou république dans le monde d'aujourd'hui qui soit fondée sur l'équité et la raison; elles ne se maintiennent que par l'oppression. (p. 22)

 

La guerre sainte signifie la conquête des territoires non musulmans. Il se peut qu'elle soit déclarée après la formation d'un gouvernement islamique digne de ce nom, sous la direction de l'Imam ou sur son ordre. Il sera alors du devoir de tout homme majeur et valide de se porter volontaire dans cette guerre de conquête dont le but final est de faire régner la loi coranique d'un bout à l'autre de la Terre. Mais que le monde entier sache bien que la suprématie universelle de l'Islam diffère considérablement de l'hégémonie des autres conquérants. Il faut donc que le gouvernement islamique soit d'abord créé sous l'autorité de l'Imam afin qu'il puisse entreprendre cette conquête qui se distinguera des   autres guerres de conquête injustes et tyranniques faisant abstraction des principes  moraux et civilisateurs de l'Islam. (p. 22-23)

 

Si on appliquait pendant une année seulement les lois punitives de l'Islam, on déracinerait toutes les injustices et les immoralités dévastatrices. Il faut châtier les fautes par la loi du talion : couper la main du voleur, tuer l'assassin et non pas le mettre en prison, flageller la femme ou l'homme adultère. Vos égards, vos scrupules « humanitaires » sont plus enfantins que raisonnables. Au terme de la loi coranique, n'importe quel juge réunissant sept conditions : être pubère, croyant, connaître parfaitement les lois coraniques, être juste, ne pas être atteint d'amnésie, ne pas être bâtard ou de sexe féminin, est habilité à rendre la justice dans n'importe quel cas. Il peut ainsi juger et régler en un seul jour vingt procès différents, quand la justice occidentale met plusieurs années à les aborder. (p. 24)

 

Dans un gouvernement islamique, tous les gens sont sous la protection de la loi... Et nul ne peut porter atteinte à leur sécurité, s'introduire dans leurs maisons, les arrêter, les emprisonner ou les exiler, les exécuter sommairement à la suite d'une simple accusation ou d'un soupçon. Dans un tel gouvernement chacun peut s'en remettre entièrement à la loi du Prophète, et aucun juge ou dignitaire ne peut y contrevenir. (p. 26)

 

La foi et la justice islamiques exigent de ne pas laisser survivre, dans le monde musulman, les gouvernements anti-islamiques ou ceux qui ne se conforment pas entièrement aux lois islamiques. L'instauration d'un ordre politique laïc revient à  entraver la progression de l'ordre islamique. Tout pouvoir laïc, quelle que soit la forme sous laquelle il se manifeste, est forcément un pouvoir athée, œuvre de Satan; il est de notre devoir de l'enrayer et de combattre ses effets. Le pouvoir « satanique » ne peut engendrer que la « corruption sur la terre », le mal suprême qui doit être impitoyablement combattu et déraciné. Pour ce faire nous n'avons d'autre solution que de renverser tous les gouvernements qui ne reposent pas sur les purs principes islamiques, et sont donc corrompus et corrupteurs; de démanteler les systèmes administratifs traîtres, pourris, tyranniques et injustes qui les servent.  C'est non seulement notre devoir en Iran, mais c'est aussi le devoir de tous les musulmans du monde, dans tous les pays musulmans, de mener la Révolution Politique Islamique à la victoire finale. (p. 26-27)

 

Puisque le Tout-Puissant n'a désigné personne nommément pour former le gouvernement islamique en l'absence de l'Imam caché que devons-nous faire? ... Mais si Dieu n'a nommé personne, II a voulu que les vertus qui caractérisent les « gouvernements islamiques » de l'aube de l'Islam jusqu'au règne du douzième Imam soient perpétuées. Ces vertus, ces qualités représentées par « la connaissance parfaite » de la loi et de la justice, sont rassemblées chez de nombreux doctes religieux de notre époque. Si ces doctes s'unissent, ils pourront établir l'autorité qui fera régner la justice universelle. Si un homme compétent, réunissant ces vertus suprêmes, se manifeste pour fonder un vrai gouvernement islamique, c'est qu'il est investi par le Tout-Puissant du même mandat que le Saint Prophète pour guider le peuple; c'est alors le devoir absolu du peuple de lui obéir. Il est faux de penser que les pouvoirs délégués par Dieu au Prophète pour gouverner les fidèles aient été supérieurs à ceux confiés à Ali; il est également inexact de penser que les pouvoirs délégués à Ali ont dû être supérieurs à ceux maintenant délégués aux chefs religieux. Il est évident que les vertus personnelles du Prophète et celles d'Ali ont été au-dessus de celles de tout autre être humain, mais le degré de vertu n'ajoute en rien au pouvoir et à l'autorité d'un gouvernant. Par conséquent, tous les pouvoirs militaires et civils qui ont été confiés par le Tout-Puissant au Prophète et aux Imams le sont aussi au gouvernement islamique actuel. (p. 28-29)

 

On proclame souvent que la religion doit être séparée de la politique, et que le monde ecclésiastique ne doit pas se mêler des affaires de l'État. On proclame que les hautes autorités cléricales musulmanes n'ont pas à s'immiscer dans les décisions sociales et politiques du gouvernement. De telles proclamations n'émanent que des athées; elles sont dictées et répandues par les impérialistes. La politique était-elle séparée de la religion du temps du Prophète (Que Dieu le salue, lui et ses fidèles)? Y avait-il alors une distinction entre les religieux et les hauts fonctionnaires de l'État? Les pouvoirs religieux et temporels étaient-ils séparés du temps des Califes? Ce sont là aberrations inventées par les impérialistes en vue d'écarter le clergé de la vie matérielle et sociale des peuples musulmans, et d'avoir ainsi les mains libres pour piller leurs richesses. (p. 33)

 

Si certains chefs d'État de pays musulmans ou certains députés du Parlement favorisent   l'influence politique, économique ou militaire étrangère, ce qui est inévitablement contre les intérêts de l'Islam et des musulmans, ils doivent être démis de leurs fonctions quelles qu'elles soient, pour pareille trahison, même si ces fonctions leur ont été confiées par une procédure légale. Il est du devoir de tous les musulmans de châtier ces individus par tous les moyens possibles. (p. 36)

 

Toutes les lois approuvées et votées jusqu'ici par les deux Chambres du Parlement iranien, sur ordre des agents de l'étranger — que Dieu les châtie ! — contrairement aux textes du Coran et à la loi du Saint Prophète de l'Islam, sont proclamées nulles et non avenues du point de vue islamique. Il est du devoir absolu des croyants de se retourner contre tous ceux qui les ont soutenues, de les mettre à l'écart, de ne pas les côtoyer ou traiter des affaires avec eux, de les considérer comme des malfaiteurs. Les approcher est en soi un péché capital. (p. 37)

 

Le clergé ne doit accepter de fonctions que religieuses pour servir le monothéisme, la vertu, l'enseignement des lois divines et l'élévation de la morale publique. L'armée doit également dépendre du clergé pour être efficace et utile. Nous (le clergé) affirmons avec force que le comportement honteux qui consiste à refuser le port du voile est contre la loi de Dieu et du Prophète et est une atteinte matérielle et morale pour le pays entier. Nous affirmons que l'usage ridicule du « chapeau » occidental est une honte pour les musulmans qui entrave notre indépendance et est contraire à la volonté de Dieu.  Nous affirmons que ces écoles mixtes sont un obstacle à une vie saine qu'elles portent atteinte matériellement et moralement au pays et sont contraires à la volonté divine. Nous affirmons que la musique engendre l'immoralité, la luxure, le dévergondage, et étouffe le courage, la bravoure et l'esprit chevaleresque; elle est interdite par les lois coraniques et ne doit pas être enseignée dans les écoles. La « radio de Téhéran », en diffusant de la musique occidentale, orientale et iranienne joue un rôle néfaste en introduisant l'immoralité et le dévergondage dans les familles respectables. (p. 38-39)