Littératie et compétences essentielles : il faut y voir!

Le projet « Modèle transitionnel de Développement de la littératie et des compétences essentielles chez les adultes francophones d'Edmonton », créé en partenariat par une équipe d'experts du Campus Saint-Jean et la Learning Centre Literacy Association, a été officiellement lancé, le 11 septembre dernier à La Cité francophone. Le projet a reçu un montant de 50 000 $ en financement provenant du Secrétariat francophone.

Étienne Alary - 17 septembre 2015

Ce projet unique permettra aux participants de renforcer leur niveau de littératie dans leur langue maternelle avant de faire la transition vers une autre langue, ce qui devrait permettre de meilleurs résultats que le modèle inverse.

Fait à noter, le Campus Saint-Jean a joué un rôle déterminant dans le développement et la rédaction qui ont mené au financement de ce projet, grâce à la participation d'un groupe d'experts dans le domaine, sous le leadership du Vice-doyen à la recherche et aux études supérieures, Hassan Safouhi. L'équipe est composée des professeurs Sheena Wilson, Martine Pellerin et Paulin Mulatris ainsi que la spécialiste des technologies Lise Niyuhire.

Comme l'indique Hassan Safouhi, les chiffres ne mentent pas : « Les résultats du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes, publié en 2013 par l'Organisation de coopération et de développement économiques, indiquent que le Canada affiche en littératie et numératie des scores qui ne dépassent pas les moyennes enregistrées dans les autres pays industrialisés. »

Ainsi, la performance du Canada en 2012 était inférieure à celle enregistrée en 2003. « La proportion de la population qui n'a pas obtenu le niveau 3 en littératie a atteint 49 %, alors qu'elle était de 41 % en 2003. La proportion de la population qui n'a pas obtenu le niveau 3 en numératie a atteint 55 % en 2012. En numératie, le score moyen obtenu par les femmes (258) est inférieur de près de 16 points à celui des hommes (272). La performance des populations immigrantes et autochtones continue d'être inférieure à celle des Canadiens », présente M. Safouhi.

Précisons que la littératie des adultes se mesure sur une échelle de 1 à 5, le niveau 1 étant le plus faible et le niveau 4/5, le plus élevé. Pour pouvoir bien fonctionner dans la société canadienne, une personne devrait avoir au moins un niveau de littératie de 3.

« En 2014, environ 18 % des Albertains se trouvaient au niveau 1 en littératie en environ 27 % se situaient au niveau 2. En 2012, le pourcentage de citoyens atteignant un niveau 3 ou plus élevé de littératie demeure plus haut chez les anglophones que chez les francophones », mentionne Hassan Safouhi, en précisant que l'évaluation de la littératie des adultes indique que les adultes francophones en situation minoritaire ont de plus faibles compétences essentielles que leur contrepartie en langue majoritaire.

« Avec la fin de l'organisme Éduk, nous prenons en main la survie de la littératie des adultes francophones en Alberta. Grâce à l'appui du Secrétariat francophone, nous espérons pouvoir aider 30 étudiants, de 16 à 65 ans », a soutenu le coordonnateur des programmes francophones à la Learning Centre Literacy Association, Luketa M'Pindou.

Comme le fait remarquer le Vice-doyen à la recherche et aux études supérieures, le Campus est déterminé à continuer les démarches pour développer et renforcer cette initiative de recherche-action communautaire. Obtenir les fonds nécessaires à l'évaluation du projet permettra la création d'outils pédagogiques novateurs, de mettre au point des mesures de performance et des moyens efficaces de formation pour améliorer les résultats en littératie de la population.

« Nous sommes intéressés à participer très activement, car nous croyons qu'il s'agit d'un projet permettant au Campus Saint-Jean de jouer vraiment son rôle dans la communauté », précise M. Safouhi.

Il rappelle que le Campus Saint-Jean possède l'expertise nécessaire pour développer un tel projet de recherche-action communautaire traitant la question de la littératie pour les francophones en milieu minoritaire tenant compte des réalités culturelles, autochtones, et de l'immigration.

Un avis que partage l'équipe d'experts. « La participation du CSJ à ce projet vise à créer des liens avec la communauté et de mobiliser différents secteurs de la société albertaine afin de relever le défi du développement de la littératie et des compétences essentielles chez tous les citoyens albertains », affirme Martine Pellerin, professeure en éducation au Campus Saint-Jean.

Rappelons que les neuf compétences sont la lecture, la rédaction, l'utilisation de documents, le calcul, la capacité de raisonnement, la communication orale, le travail d'équipe, la formation continue et l'informatique (compétence numérique).