David Vergote, dompteur de défis

Le Professeur enseignant de la Faculté Saint-Jean est le récipiendaire d’un prix 2021 COVID-19 Remote Teaching Award de l’Université de l’Alberta - il témoigne de l'adaptation du Campus Saint-Jean en période de pandémie.

27 septembre 2022

La transition vers l'enseignement à distance en réponse à la pandémie de COVID-19 a donné lieu à des efforts extraordinaires de la part des professeurs de l’Université de l’Alberta. Afin de reconnaître ces membres du personnel académique exceptionnels, l'Université de l'Alberta a décerné un “Prix d'enseignement à distance COVID-19” aux professeurs ayant démontré des qualités exceptionnelles dans leur enseignement pendant cette période éprouvante.

Ce prix récompense ainsi les efforts considérables des professeurs qui ont continué à enseigner avec excellence et abnégation tout au long de la pandémie, et tout en illustrant les valeurs de l'Université de l'Alberta: l’excellence de l'enseignement, la créativité et l’innovation, et l’offre d'un environnement éducatif intellectuellement enrichissant pour tous les apprenants et, par-dessus tout, un engagement inébranlable à servir le bien public face à l'adversité et à des défis sans précédent. 

Preuve de l’excellence de l’enseignement à la Faculté Saint-Jean, David Vergote, Professeur Enseignant, fait partie des lauréats de ce prix. Originaire de France mais installé en Alberta depuis bientôt près de vingt ans, le Professeur Vergote a été reconnu pour la qualité de son enseignement, sa compassion et sa flexibilité remarquable - des qualités qui profitent à tous ceux avec qui il travaillent et qui se répercutent à travers toute la communautés d'enseignement et d'apprentissage du Campus Saint-Jean.

Les qualité de l’enseignement de David Vergote ont déjà porté leurs fruits: un de ses étudiants, Matthieu Zolonde, a mené un projet de recherche sous sa supervision pendant la session d’hiver 2022 et a présenté ses résultats au Eureka Undergraduate Research Symposium sous la forme d'une affiche intitulée "Species-specific behavioral changes upon exposure to UV light and to a pollutant in three Alberta leech species". Pour son travail et sa présentation, Matthieu a reçu le 3e prix parmi les affiches présentées lors de cette conférence organisée à l’Université de l’Alberta et regroupant des projets très variés en sciences menés par des étudiants de nombreuses facultés.

Malgré son emploi du temps chargé, David Vergote a accepté de répondre à quelques questions afin de nous donner un aperçu des défis rencontrés et de l’avenir de l’enseignement à distance.


La COVID est arrivée brutalement - comment vous êtes-vous adapté à enseigner à distance?

Les conséquences liées à la COVID sont effectivement arrivées très soudainement en mars 2020. En une fin de semaine, nous (professeurs comme étudiants) avons dû basculer d’un enseignement en présentiel à un enseignement complètement en ligne ce à quoi nous n’avions qu’une préparation limitée. Mon expérience avec l’enseignement en ligne se réduisait alors à un cours au printemps 2019 sur lequel j’avais travaillé toute l’année pour le préparer, pas seulement quelques jours. Nous n’avions cependant pas le choix et il a fallu faire du mieux possible pour s’assurer que les étudiants, alors inquiets, ne soient pas pénalisés. Après cette période de crise, nous avons eu un peu plus de temps pour préparer l’année 2020/2021 en ligne et pour réfléchir plus posément aux stratégies à adopter. Pour cela, les formations organisées par le service des technologies du CSJ ont été extrêmement utiles pour nous présenter différentes approches pédagogiques possibles.

Il a dès lors été nécessaire de se familiariser avec beaucoup d’outils et de préparer des vidéos présentant la théorie ou expliquant la façon de résoudre des problèmes de génétique, par exemple. Afin de joindre l’utile à l’agréable, j’ai choisi de préparer des vidéos pour mon cours d’écologie sur le terrain en planifiant mon été autour de séjours à travers la province pour me filmer dans des endroits illustrant les sujets discutés (Rocheuses, forêts autour d’Edmonton ou boréales plus au nord, prairies, région plus aride autour de Drumheller, près de lacs et rivières…). C’était beaucoup de planification mais je me suis aussi amusé en y insérant des séquences plus drôles et en y impliquant parfois mes filles (et aussi mon chat qui ne demandait de toute façon jamais l’autorisation de passer devant ma webcam pendant mes cours !…). Je dois cependant dire que le contact avec les étudiants m’a énormément manqué. C’est grâce à eux que j’aime mon métier et pour eux que j’essaie de le faire aussi bien que possible. En tout cas, je n’ai jamais passé autant de temps à parler seul dans mon sous-sol !


Quels étaient les principaux défis?

Il y avait de nombreux défis à ce passage à l’enseignement en ligne. Comme les étudiants devant s’adapter à cette nouvelle forme d’apprentissage, nous avons tous tâtonné pour trouver les bonnes stratégies et offrir un enseignement de qualité, ces stratégies pouvant être différentes selon la nature des cours. J’ai fait certains choix, notamment au début de la pandémie, qui n’étaient pas les meilleurs (et je m’en excuse auprès des étudiants) mais j’ai ensuite ajusté mes stratégies pour les semestres suivants. Il fallait donc se montrer flexible d’un semestre à l’autre. Un autre défi était d’essayer de ne pas être trop ambitieux surtout pour la première année de la pandémie. Avec autant de matériel à préparer, il arrivait parfois que le nouveau format du matériel (vidéo par exemple) était donné aux étudiants plus tard qu’espéré, ce qui était frustrant pour les étudiants. Un des plus gros défis était cependant de maintenir la motivation et l’engagement des étudiants. Ils étaient beaucoup livrés à eux-mêmes et il est souvent difficile de gérer son temps de manière efficace et de rester motivés sur une longue période dans ces conditions. Il était donc encore plus important que d’habitude d’être à leur écoute et d’être compréhensif lorsqu’ils rencontraient des difficultés. Je suis sincèrement admiratif face au courage et à la détermination des étudiants qui ont dû traverser cette période difficile.


Quel avenir a l’enseignement à distance?

L’enseignement en ligne forcé de ces dernières années a ouvert de nouveaux horizons. Nous avons tous énormément appris de la période pandémique mais qu’allons-nous faire de ces nouvelles expériences ? On ne peut nier que l’enseignement à distance a des avantages sur l’enseignement en présentiel, notamment en termes de flexibilité et de coûts indirects pour les étudiants et il fera dorénavant partie de l’éventail de stratégies pédagogiques disponibles pour les cours universitaires. En même temps, je pense que rien ne remplacera le bénéfice que peuvent tirer les étudiants du contact direct avec d’autres étudiants et avec les professeurs pour leur maturation individuelle. Être exposé à des opinions, à des façons de travailler ou à des expériences différentes qu’il est plus facile de discuter en personne, pendant les cours ou en dehors, plutôt que sur un forum ou sur Zoom nous façonne toutes et tous en tant qu’individu. L’expérience universitaire n’est pas uniquement faite de l’accumulation de connaissances sanctionnée par des examens et des notes mais reste avant tout une maturation personnelle pour former les citoyens de demain.


Comment le Campus est-il prêt à affronter les défis de l’avenir en matière d’enseignement?

Le Campus Saint-Jean a de nombreux atouts quant à sa capacité à, non seulement, adopter de nouvelles façons d’enseigner mais aussi à imaginer des solutions novatrices aux défis liés à l’enseignement. Ces atouts sont bâtis non seulement sur la multidisciplinarité du CSJ mais aussi sur l’enthousiasme et le dévouement de son personnel envers les étudiants. Il est indéniable que le fait que des professeurs ayant des formations et des expériences très différentes (en Éducation, en Sciences et en Arts) se côtoient au sein d’une même faculté facilite l’innovation pédagogique. Aussi, lorsque de nouvelles façons d’enseigner sont adoptées comme ce fut le cas lors de la pandémie, la taille humaine de nos classes permet aux professeurs de pouvoir être plus disponibles, plus à l’écoute des étudiants et ainsi plus réactifs vis-à-vis de leurs besoins.

Je pense donc que le CSJ est parfaitement équipé pour affronter et devancer les défis de l’avenir en matière d’enseignement et pour continuer à préparer les étudiants d’aujourd’hui au monde de demain de la meilleure des façons.